ARRUMER, ou Arruner. verb. act. Terme de Marine, qui signifie, Placer & arrenger avec soin la cargaison du vaisseau. On dit, qu'un vaisseau est mal arrumé, lors qu'il n'est pas à son plomb qui le fait tenir droit sur bout ; car alors les poinçons se deplacent, courent & roulent vers la pente, & du heurt s'enfoncent les uns les autres, ce qui cause de grands coulages. Sur la mer du Levant on dit en ce cas, qu'un vaisseau est mal mis en estive.
subst. masc. Le peuple dit Arcenac. Maison Royale ou publique, où on fabrique les armes & les munitions de guerre, & qui sert aussi de magasin à les serrer. L'Arsenal de Venise est le lieu où se fabriquent & se conservent les Galeres : l'Arsenal de Paris, où l'on fond des canons ; l'Arsenal de Cosne, où on fabrique des mousquets : l'Arsenal de la Salpestriere, où on fait le salpestre. Il y a aussi des Arsenaux de Marine, comme à Rochefort, à Toulon, &c. Plusieurs croyent que ce mot vient de arx, ou de arcus, ou plûtost de ars, qui signifie engin, ou machine, comme étant un lieu où on serre les machines de guerre : c'est l'opinion de Du Cange, qui cite Jacques Bourgoin au livre de l'origine & de l'usage des mots vulgaires. Sansouin en son livre de Venise, dit qu'il vient de arx senatûs, comme qui diroit, La deffense du Senat contre les Infidelles. Mais Menage croit qu'il vient du Grec Arsenalis, dont on s'est servi il y a long-temps à Constantinople dans quelques inscriptions. Covarruvias, selon le sentiment de quelques-uns, dit que ce mot vient de l'Arabe darsenaa, qui signifie la même chose que l'Espagnol ataraçana, c'est à dire, ce que nous entendons par le mot d'arsenal. En effet ostant d premiere lettre de darsenaa, reste arsenaa, qui a un rapport entier avec arsenal. Les Italiens se servent aussi de Darsena, pour signifier le lieu où ils mettent leurs Galeres, & dont on se sert aussi en termes de Marine par toute la Mediterranée, pour signifier le bassin le plus retiré d'un port. Voyez Darsine.
ASSURANCE, ou Police d'assurance. Terme de Marine, est un contract par lequel un particulier s'oblige de reparer les pertes & dommages qui arriveront en un voyage par cas fortuit à un vaisseau, ou à son chargement, moyennant certaine somme qui luy est payée par le proprietaire par avance, laquelle somme on appelle Prime. Ce contract doit être passé par devant le Greffier de la Communauté des Marchands. Il se fait aussi des assurances pour des marchandises transportées par terre. Quand les assurances sont frustratoires, l'assuré doit payer demi pour cent à ses assureurs ; & au contraire quand elles ont lieu, l'assuré doit toûjours courir le risque du dixiéme de la cargaison, pour lequel il doit contribuer à toutes les avaries. Il y a des assarances qui se font sur la marchandise ; d'autres sur le corps de la nef, ou sur l'un & l'autre ; les unes ne se font que pour l'envoy, & les autres que pour le retour. L'assurance n'a point de temps limité, & celle qui se fait par mois est usuraire : aussi est-ce une invention des Juifs inconnuë aux Anciens. Ils s'en servirent, lors qu'ils furent chassez de France sous Philippe Auguste & Philippe le Long, comme témoigne Jean Villani en son Histoire Universelle. Le Bureau des Assurances, est une Chambre ou Assemblée de ces Marchands qui se rendent garents des fortunes de mer. Il y en a une establie à Paris.

s. m. Terme de Marine. C'est le mast d'un navire qui est le plus prés vers la pouppe, & qui porte ordinairement des voiles Latines. On l'appelle autrement, mast de foule, ou le mast de l'arricre, ou de la pouppe. La vergue d'artimon est toûjours couchée de biais sur le mast, & ne le traverse point à angles droits, comme tous les autres. Le mast d'artimon n'a qu'une brisure, & ne porte point de perroquet. Ce mot vient du Grec artemon, qui ne se prenoit pourtant pas en la même signification que nous le prenons aujourd'huy. C'est ce que l'on peut voir dans Jabolenus, qui soûtient aprés Labeon dans la Loy, Malum paragr. de verborum significatione, qu'artemon n'est point une partie integrante du vaisseau : ce qu'il n'eût pas dit, s'il l'eust pris pour un mast. On n'entendoit donc autre chose par le mot d'artemon, qu'une machine ou poulie qui servoit à tirer dans le vaisseau, ou à décharger les gros fardeaux, ou à rouler le cable. C'est ce qu'on appelle aujourd'huy le Cabestan.
Terme de Marine. Voyez Hautbans.