subst. masc. se dit aussi par opposition à faux. Les Philosophes, les Juges ont bien du mal à discerner le vray d'avec le faux. L'entendement ne desire que le vray, se porte au vray. On dit, Avoüez le vray, dites le vray, c'est à dire, la verité. Voilà le vray de l'affaire, la verité constante & secrette.

VRAY, se dit encore de ce qui convient, qui est propre. C'est son vray fait que cet habit. C'est son vray balot. C'estoit là le vray lieu, la vraye occasion de faire voir son esprit, son adresse. C'est le vray motif de son entreprise.

VRAY, se met quelquefois pour augmenter la force du mot. C'est un vray Satan. C'est un vray fou. C'est un vray je ne sçay qui. C'est un vray charlatan, pour dire, qui imite bien les charlatans. On dit aussi un vray Poëte, non seulement pour marquer un homme qui a du genie à la Poësie, mais aussi ironiquement pour dire, qu'il a toutes les qualitez d'un mauvais Poëte, qu'il est crotté, malpropre, qu'il est distrait, qu'il importune du recit de ses vers. On dit aussi en bonne part, C'est un vray pere, c'est un vray amy, pour dire, il a la tendresse d'un pere, l'affection d'un amy.

VRAY, se dit proverbialement en ces phrases. Cela est vray, ou le Roy n'est pas noble. On dit par maniere de serment, Aussi vray qu'il n'y a qu'un Dieu, aussi vray que l'Evangile, aussi vray qu'il faut mourir ; & ironiquement, Aussi vray qu'il neige.