s. m. Herbe fort venimeuse. Elle n'a que quatre feuilles semblables aux concombres, ou au cyclamen, veluës, herissées, & pleines d'aiguillons. Sa tige est longue d'un empan, & sa racine semblable à la queuë de scorpion, étant luisante comme albastre. Son sommet ressemble à un heaume, où s'enferme un poison mortel & diabolique qui est sa semence.

Il y a plusieurs especes d'aconit. L'un qu'on appelle Patte-louvine, ou Estrangle-loup, ou Lycoctonum, Tuë-loup, ou Cycoctonum, Tuë-chien. L'aconit Pontique croist abondamment en Italie, & a des feuilles comme le plane, quoy que chiquetées, & plus menuës, plus longues & plus noires. Sa tige est d'une coudée, nuë, & semblable aux queuës de fougere. Ses fleurs sont jaunastres, & faites comme des chapeaux d'Albanois, d'où sortent des gousses longues qui contiennent sa graine. Il a plusieurs racines noires, comme les noeuds & durillons des squilles marines. Quelques-uns ont des fleurs jaunes semblables aux bassinets, & grandes comme des roses sauvages. Celuy-cy estrangle les renards, les chats, & toutes les bestes qui ne voyent rien quand elles naissent. L'aconit Pardalianches est celuy qui estrangle les pantheres & les leopards, qui croist au plus haut des montagnes : & c'est celuy dont cy-dessus est fait mention, qui a la racine blanche, & faite comme la queuë de scorpion. Il y a une espece d'aconit qu'on appelle Doronicum, qui est commun : un autre qu'on appelle herbe paris, ou uva vulpina, qui a une graine rouge, & qui est un contrepoison.

Matthiole en met jusqu'à neuf especes, & en un autre endroit jusqu'à douze. On dit que tout son venin est en sa racine, car ses feuilles ni son fruict ne font aucun mal. On dit que son nom vient d'Acone ville de Bithynie, aux environs de laquelle il croist en abondance, quoy que pourtant il croisse par tout ailleurs, & sur tout dans les montagnes de Trente. D'autres disent que ce nom vient d'aconos, qui signifie chez les Grecs un rocher desnué de terre où l'aconit croist volontiers. On l'appelle aussi myoctonos, parce qu'il tuë les rats par sa seule odeur, comme dit Pline. Les Poëtes feignent que cette herbe a été engendrée de l'escume que le chien Cerbere jetta, lors que Hercules le tira des enfers par force : ce qui fait qu'on en trouve quantité auprés d'Heraclée de Pont, où est la caverne par où Hercules descendit. Les Anciens n'ont pas laissé de la faire servir de medecine contre la piqueure du scorpion, lequel s'amortit dés lors qu'il touche seulement l'aconit ; & qui au contraire en touchant l'ellebore reprend sa premiere vigueur. L'aconit ne fait pas mourir, quand il trouve quelque autre poison dans le corps, parce qu'alors il se combat. La marque de ce poison est de faire venir les larmes aux yeux, de causer une grande pesanteur d'estomac, & de faire peter souvent. Theophraste dit qu'on le prepare ensorte qu'il fait mourir seulement au bout d'un an ou de deux. Les fléches trempées dans son jus font des playes mortelles. On l'appelle en Latin aconitum, luparia, & vulparia. En quelques lieux on l'appelle raisin de renard.