s. m. Plante medecinale, qu'on appelle aussi Carline, parce que c'est une espece de chardon qui entre dans la composition de la theriaque. Ses feuilles sont assez grandes, rudes, larges, épineuses, pointuës comme celles de l'artichaut quand il est en fleur, reployés & étenduës en façon de branches. Elle n'a point de tige, mais elle s'applatit contre terre, & produit au milieu immediatement au dessus de sa racine une pomme espineuse & semblable à un herisson marin, qui s'épanouït aprés en une grande fleur jaune, incarnate & purpurine. Sa graine est semblable à celle du safran sauvage. Sa racine est grosse d'un pouce, & d'un pied de long, qui descend droit dans la terre, & est un peu obscure au dehors, blanche au dedans. Son goust n'est pas desagreable, & les paysans en mangent. Elle est douce & un peu aromatique. On l'appelle en Latin chamaeleon albus, ou carduus suarius & varius, ou cardopatium.

Le Chamaeleon noir, qu'on appelle autrement Chardonnette, a les feuilles semblables à l'artichaut, mais un peu moindres, plus déliées, & quelque peu rouges. Sa tige est haute d'un palme, grosse comme le doit, & rougeastre. Les fleurs qui sont en son chapiteau sont espineuses, menuës & de diverses couleurs, comme celles du vaciet. Sa racine est grosse, noire, massive, & paroist rongée, quand elle est mise en roüelles. Elle devient jaune, & picque la langue, quand on la masche. Matthiole dit qu'on l'appelle Carline en toute l'Italie, parce que le peuple a cette opinion, que cette plante fut revelée divinement à Charlemagne pour chasser la peste de son camp. On l'appelle en Latin chamaeleon niger, ou carduus niger, ou vernilagium.