s. f. Poil de plusieurs animaux, comme boeufs, vaches, chevres, cerfs, &c. qu'on destache de leurs cuirs, quand on les prepare dans les tanneries. La bourre sert à garnir des chaises, des selles, &c. Ce mot vient du Latin burra, selon Menage, d'où il derive aussi le mot de bourrée & de bourgeon.

BOURRE LANISSE, est la laine qui se tire des draps, quand on les prepare avec le chardon de Bonnetier.

BOURRE TONTISSE, est celle qui se tire des draps, quand ils passent par les mains du Tondeur. Celle-là est la moindre, & il est deffendu aux Tapissiers d'en mettre dans des matelas entre deux futaines. On la laisse aux Potiers d'estain pour faire des bourrelets. Il y a aussi de la bourre de soye, qui est la soye de rebut ou imparfaite qu'on tire avec le peigne aprés que le coccon est devidé.

BOURRE, en termes de Teinturiers, se dit aussi d'une certaine nuance, qui est la même que celle du rouge cramoisi.

BOURRE, se dit aussi de ce qui sert à mettre sur la poudre en chargeant les armes à feu, soit papier, bourre, foin, &c. La bourre de ce pistolet luy a donné au visage. En ce sens on appelle un tire-bourre, un fer pointu, & fait en forme de vis, attaché au bout de la baguette, avec lequel on descharge une arme à feu sans la tirer.

BOURRE, signifie aussi, le commencement d'un bourgeon de vigne. Le sarment n'a poussé encore que de la bourre. C'est proprement la couverture sur l'oeuil de la vigne : d'où vient qu'on dit, Geler en bourre, c'est à dire, avant que la feuille de la vigne ait paru.

BOURRE, se dit figurément en Morale, de tout ce qui est grossier, inutile dans quelque ouvrage de prose, ou de vers, par une metaphore tirée des garnitures des chaises, qui sont mal conditionnees, quand on y met de la bourre au lieu de crin. Il y a de beaux endroits dans ce livre, mais il faut avouër qu'il y a aussi bien de la bourre.