v. act. Coupper, retrancher le poil superflu. A l'égard des hommes, il signifie seulement, Coupper les cheveux, ou sur le peigne, ou avec le rasoir, soit pour orner la teste, soit pour la raser. On tond les Moines, les enfans de Choeur. La peine d'une femme adultere est d'être tonduë & rasée, & mise dans un Couvent.

TONDRE, se dit aussi des brebis, des barbets, & autres animaux dont on peut tirer de la laine, de la bourre, ou du poil propre à faire des chapeaux, des camelots, ou autres estoffes. Les Hebreux faisoient des Festes pour tondre leurs brebis.

TONDRE, se dit aussi des plantes, des arbres. Il faut que les Jardiniers ayent soin de tondre le buis des parterres, les buissons de rosmarin, les palissades de charme & de fileria. En quelques lieux on le dit aussi de l'herbe des prez, & des arbres qu'on depouille de leurs branches.

TONDRE, se dit aussi des draps, & de quelques estoffes de laine, pour les rendre plus unies. On tond des draps avec de grandes forces, des tapis, des couvertures.

TONDRE, se dit figurément en Morale, en parlant de ceux contre l'advis desquels on a prononcé. Ce Rapporteur avoit ouvert un bon advis, & cependant il a esté tondu. L'Advocat General a bien plaidé, mais il a esté tondu, un autre l'a emporté sur luy. Pasquier dit que cette figure est tirée des Moines, qu'on appelle tondus, quand ils ont renoncé à toutes les brigues & esperances des biens de ce monde.

TONDRE, se dit proverbialement en ces phrases. A brebis tonduë Dieu luy mesure le vent, pour dire, qu'il ne nous envoye pas plus d'affliction que nous n'en pouvons porter. On dit d'un homme fort avare, qu'il tondroit sur un oeuf. On dit aussi, qu'il faut tondre ses brebis, & non pas les escorcher, pour dire, qu'il ne faut pas exiger d'une personne plus qu'elle ne peut. On dit aussi, A la St. Aubin l'on tond les veaux. On dit aussi d'un homme pelé, qu'il est ras & tondu comme un Moine, comme un enfant de Choeur. On dit aussi par imprecation, Je veux qu'on me tonde, si je fais cela : parce que c'étoit autrefois une ignominie en France de raser la barbe, ou de tondre les cheveux ; & cette peine étoit mise au même rang que la fustigation par les loix de Charlemagne. On dit aussi, qu'un homme se laisse tondre la laine sur le dos, pour dire, qu'il est lasche, & trop patient. On dit aussi d'un indifferent, qu'il ne se soucie ni des ras ni des tondus ; & d'une compagnie qu'on mesprise, Il n'y a que deux tondus, & un pelé.