verb. act. Prester son aide, son secours à quelqu'un, ou aide à ceux qui sont foibles. Dieu commande d'aider aux pauvres, de leur faire des charités, de les assister dans leurs besoins. les compagnons aident à leurs maistres dans leur travail. il faut aider ses amis de sa bourse, de son credit.

AIDER, se dit aussi des choses inanimées. Les machines ont été inventées pour aider à remuer les gros fardeaux. un peu de vin pur aprés le repas aide la digestion. la paille aide à allumer le feu.

AIDER, signifie aussi, Participer au succez de quelque chose, lors qu'on s'employe pour la faire reüssir : ce qui se dit tant en bonne, qu'en mauvaise part. Celuy qui aide un autre à voler, à pecher, se rend son complice. la faveur, la protection d'un favori aide bien à faire fortune. On dit en ce sens, La perte de ce vaisseau a beaucoup aidé à la banqueroute de ce Marchand, c'est à dire, y a contribué. les petites rentes ne laissent pas d'aider à vivre. cette succession aidera à marier cette fille. dix mille escus ne suffiront pas pour acquerir cette charge, mais ils y aideront.

On dit au jeu de la beste, qu'il faut aider au contre, pour dire, tascher de le faire gagner, en se defaisant de ses bonnes cartes.

On dit, Aider à marcher à une Dame, pour dire, luy donner la main.

On dit, Aider à la Messe, pour dire, y servir, y respondre.

On dit au Manege, Aider un cheval, lors que l'adresse & le secours du cavalier luy aide à travailler à propos, & à luy faire marquer ses temps avec justesse par les aides de la main, de la jambe, du talon, de la bride, &c. Mr. Menage derive ce mot de l'Italien aitare, qui est fait du Latin adjutare, qui se trouve dans Ennius : d'où les Espagnols ont fait adjudant.

AIDER, se dit aussi en matiere spirituelle. La grace aide au pecheur à se convertir. en vain travaillons-nous, si Dieu ne nous aide. une glose aide à faire entendre le texte. cet Advocat luy a aidé de son conseil. le repos d'esprit aide à la guerison d'un malade. aidez vous, & Dieu vous aidera.

AIDER, s'employe souvent avec le pronom personnel, & signifie alors, Se servir de quelque chose. Un paralytique ou impotent est celuy qui ne se peut aider de ses membres. un gaucher ne s'aide pas si bien de sa droite que de sa gauche. dans la necessité on s'aide de tout ce que l'on trouve. ce cavalier s'aide aussi bien de la plume que de l'espée.

On dit au Palais, qu'un homme s'aide d'une piece, quand il la produit pour en tirer quelque advantage, ou induction. On n'est point receu à s'inscrire en faux contre un acte qu'a produit une partie adverse, que le Juge ne luy ait fait faire une declaration precise si elle s'en veut aider. les presomptions sont des adminicules de preuve qui aident à la conviction d'un accusé.

On dit aussi, qu'il faut qu'un homme s'aide, pour dire, qu'il fasse un effort de luy-même pour profiter du secours qu'on luy veut donner. On tireroit bien d'affaire ce Noble oberé, s'il se vouloit aider, s'il vendoit une terre pour s'accommoder avec ses creanciers. je ne puis pas vous prester toute la somme que vous me demandez, il faut que vous vous aidiez, que vous cherchiez le reste ailleurs. On dit à des domestiques, Tenez, voilà dequoy manger, aidez vous.

Ce verbe devient quelquefois reciproque, en y preposant la particule entre. Il faut que les hommes s'entr'aident, qu'ils s'aident l'un l'autre, & se prestent un mutuel secours.

AIDER, se dit proverbialement en ces phrases. Dieu aide à trois sortes de personnes, aux fous, aux enfans, & aux yvrognes. On dit aussi, qu'il faut aider à la lettre, pour dire, suppléer à ce qui manque, deviner à demi-mot, excuser les petits defauts qui sont en quelque chose. On dit aussi, Aider à la lettre, lors qu'on adjouste quelque chose du sien en une narration, & qu'on ne la fait pas comme la chose est arrivée.

Chez les Anciens c'étoit une formule de jurement de dire, Ainsi m'aist Dieu, c'est à dire, Je promets de faire une telle chose, pourvû que Dieu me veuille bien aider.