s. m. Element liquide & leger qui environne le globe terrestre ; la mer & la terre. L'air se divise en basse, en moyenne, & en supreme region. l'eau se resout, s'évapore en air. on ne peut vivre sans la respiration de l'air. on ne peut pas vivre de l'air. les Anciens n'ont point connu la pesanteur de l'air. on connoist la gravité de l'air par le Barometre, sa chaleur par le Thermometre, sa secheresse par l'Hygrometre. on a trouvé l'invention de pomper l'air pour faire du vuide, par la machine de Mr. Boyle. Mr. Mariotte dans ses Essais de Physique dit que l'air se peut dilater plus de quatre mille fois davantage qu'il n'est auprés de la terre avant que d'estre dans sa dilatation naturelle, telle qu'il l'a au haut de l'athmosphere, où il n'est chargé d'aucun poids. Sa hauteur, suivant son calcul, ne va gueres qu'à 20. lieuës : & elle n'iroit pas à 30. quand il seroit huit millions de fois plus rarefié que celuy qui est prés de la terre. Le même Mariotte pretend que l'air est bleu, contre l'opinion de plusieurs qui le croyent sans couleur. Quelques-uns soustiennent que l'air des lieux sousterrains n'est pas effectivement plus froid en esté, mais qu'il paroist seulement tel en comparaison du dehors, qui est beaucoup plus chaud. On infere de la pesanteur de l'air, que la terre est autant comprimée par l'air qui l'environne, que si elle étoit par tout couverte d'eau à la hauteur de 31. pieds : & on croit que la proportion du poids de l'air à l'eau est comme d'un à mille.

On dit, Prendre l'air, pour dire, Se promener : Changer d'air, Aller en un lieu éloigné, ou bien descouvert. On dit, Donner de l'air à un tonneau : Prendre l'air du feu, pour dire, Se chauffer legerement. On dit encore, qu'un homme a pris du mauvais air, quand il a esté en un lieu où il a pris la peste.

En termes de Poësie on dit les plaines de l'air, les campagnes de l'air. Ganimede fut enlevé dans les airs. Junon est la Deesse de l'air.

AIR, signifie aussi, Souffle, vent, haleine. Le vent est defini par les Philosophes, un air agité. il faut donner de l'air à ce feu, si on veut qu'il brusle. il fait un air doux, un air estouffant, un air frais.

AIR, se dit figurément en Morale des choses qui n'ont pas de verité, ou de fondement solide. Ainsi on dit, Donner un exploit en l'air, pour dire, le souffler, ne le donner point du tout. On dit aussi, Parler en l'air, c'est, Alleguer un fait sans preuve, ou sans monstrer la charge ou le pouvoir qu'on a de parler ainsi.

AIR, se dit aussi en termes de Musique, d'une conduitte de la voix, ou des autres sons par de certains intervalles naturels ou artificiels qui frappent agreablement l'oreille, & qui témoignent de la joye, de la tristesse, ou quelque autre passion. On les appelle ainsi, parce qu'ils proviennent des divers mouvements de l'air. Voilà un bel air, une belle composition de Musique : ce qui se dit, soit qu'on l'applique à des paroles pour chanter, soit qu'on le mette seulement sur les instruments : comme, un air de Cour, un air de Ballet, un air à boire. on a mis cet air sur le luth. les airs de Boisset, de Lambert, de Lully. Ce mot d'air vient du Grec ao, qui sign. je respire.

AIR, signifie encore, Maniere d'agir, de parler, de vivre, soit en bonne, ou en mauvaise part. Il est des gens du bel air. il a l'air de pedant, de campagnard. il a bon air, bonne grace à parler, à danser. il vit d'un air à se faire bien des amis, ou des ennemis. il a l'air bas, l'air dedaigneux. ce que vous me rapportez qu'il a dit, a bien de son air, de son stile. il a bien l'air d'être du complot. Les Allemands disent ardt en la même signification.

AIR, signifie aussi, la mine, les traits du visage. Ces deux personnes ont bien de l'air l'une de l'autre.

On dit aussi, qu'un tableau a bon air, que le Peintre a bien pris l'air d'un visage, qu'il y a de beaux airs de teste, pour dire, qu'un tableau est bien ressemblant ou bien dessigné.

On dit absolument d'un homme, qu'il se donne des airs, pour dire, qu'il affecte des manieres qui le rendent ridicule pour vouloir paroistre plus qu'il n'est.

AIR, en termes de Manege, est le mouvement des jambes d'un cheval avec une cadence & une liberté naturelle qui le fait manier avec justesse. Ce cavalier a bien rencontré l'air de ce cheval, & il manie bien terre à terre. ce cheval prend l'air des courbettes, le presente bien à l'air des cabrioles. le pas, le trot, le galop ne sont pas comptez au nombre des airs.

On dit au pluriel, qu'un cheval a les airs relevez, pour dire, qu'il s'esleve plus haut qu'au terre à terre, & qu'il manie à courbettes, à croupades, à ballotades, à cabrioles.

On dit proverbialement, qu'un homme a toûjours un pied en l'air, pour dire, qu'il est alaigre, remuant, coureur. Ce sont des promesses, des desseins en l'air, des raisons en l'air, des contes en l'air, pour dire, qui sont sans fondement, sans solidité, qui ne reüssiront pas.