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v. act. Prendre le bien d'autruy, & à son insceu. Ce qu'on a derobé est sujet à une perpetuelle revendication. Les couppeurs de bourse derobent fort adroitement. Les valets qui ferrent la mule derobent leurs maistres. On derobe la peine des pauvres gens, quand on ne les paye pas bien. Ce mot vient de rober, & de robe, derivez de raupa, Menage ; ou de l'Allemand rauben, sur lequel l'Italien a formé robare, & l'Espagnol rubar.

DEROBER, se dit figurément en choses spirituelles & morales. Les Auteurs se derobent les uns aux autres leurs pensées, les Machinistes leurs inventions. Alexandre ne voulut pas combattre de nuit, disant que c'étoit derober la victoire. Il ne faut pas derober la gloire qui est deuë aux belles actions. Ce valet derobe quelques heures au sommeil pour estudier. Il faut se derober quelquefois un repas pour se bien porter.

DEROBER, signifie aussi, S'eschapper, disparoistre. Par un bris de prisons on se derobe aux rigueurs de la Justice. Une Comete se derobe peu à peu à nostre veuë, s'en éloigne, disparoist. Je m'ennuyois en cette assemblée, je m'en suis derobé secrettement. Un banqueroutier se derobe la nuit, s'évade. Les contemplatifs se derobent à la veuë du monde pour vivre en retraite.

On dit en Fauconnerie, Derober les sonnettes, quand l'oiseau s'écarte & s'en va sans le congé de son maistre, & luy emporte ses sonnettes.

DEROBER, se dit aussi de ce qu'on fait secrettement & en cachette. On appelle escalier derobé, un petit escalier par lequel on se peut eschapper secrettement & à l'insceu des autres. On dit en amour, que les baisers, les plaisirs derobez sont doux, pour dire, ceux qu'on prend en cachette & à l'insceu des rivaux. On dit aussi, qu'on derobe un baiser à sa maistresse, quand on le prend par force ou par surprise.

DEROBER, en termes de Manege, se dit d'un cheval qui tâche à s'échapper de dessous le Cavalier en le surprenant. On dit aussi, qu'un cheval a le pied derobé, lors qu'il manque de corne pour le ferrer, & qu'elle s'est usée à force de marcher pied nud.

On dit proverbialement à un homme qui achete trop cher une chose, qu'il ne l'a pas derobée, qu'il l'a bien payée : & au contraire celuy qui refuse de la donner à vil prix, dit qu'il faudroit qu'il l'eust derobée.