s. m. Gomme, ou resine d'arbre, selon Pline, qu'il dit avoir été appellée Succinum, à cause que c'est un suc d'arbre comme le pin, dont il a l'odeur quand il est bruslé. D'autres disent que c'est une congelation qui se trouve dans la mer Baltique, & dans quelques fonteines, où il nage comme une espece de bitume : & de ce sentiment est Agricola, qui est confirmé par le témoignage des Medecins Borusces. Hevelius Polonois, & Schefferus Professeur Suedois, disent que l'ambre est une espece de poix fossile, ou de bitume qu'on trouve sur le bord de la mer de Prusse ; & qu'en Suede aussi bien qu'en Prusse on le trouve dans des endroits fort éloignez de la mer, dans des sablons & dans des montagnes. L'ambre noir a beaucoup de rapport au pissaphaltum, qui est la mumie des Arabes. Philemon dit qu'en deux endroits de Scythie l'ambre se fouït en terre, & qu'il se rencontre blanc en l'un, & jaune en l'autre. D'autres ont dit qu'il venoit d'un lac appellé Cephiside, voisin de la mer Athlantique ; & que son limon échauffé du soleil produisoit l'ambre. Un certain Pithias cité par Matthiole dit que les flots du Septentrion apportent si grande quantité d'ambre sur les rivages de Bretagne, que les gens du pays le bruslent au lieu de bois ; & qu'étant allumé, il brusle comme une torche, ou resine de pin. Il y en a de blanc, de jaune, de roux, de couleur de citron. C'est le propre de l'ambre, d'attirer la paille quand il est échauffé, pourvû qu'il ne soit pas huilé. On a veu à Paris un morceau d'ambre jaune d'un pied & demy de haut, taillé en crucifix avec les figures de la Vierge & de St. Jean. En la Province de Suchen en la Chine il y a de deux sortes d'ambre, l'un jaune, & l'autre rouge. Quelques Modernes estiment qu'il se fait de la moüelle purifiée des pins, qui par succession de temps s'endurcit & devient transparente. Il y a aussi de l'ambre noir qui se fait par le meslange de quelques impuretez, ou par sa vieillesse. Les Medecins le nomment Electrum, Chrysolectrum, & Karabé. Ce mot d'ambre vient de l'Italien ambra, derivé de l'Arabe ambar. Menage. Joannes de Janua le derive de ambrosia sans aucun fondement. On l'a aussi appellé harpaga, du Grec harpazein, rapere, eò quòd folia & vestium fimbrias & paleas rapiat, sicut magnes ferrum.

AMBRE GRIS, est une espece d'ambre, ou de gomme qui a une odeur agreable & douce, qu'on trouve sur les bords de la mer. Les Naturalistes n'ont sceu encore découvrir la nature de l'ambre gris. Quelques-uns le prennent pour un excrement de certains oiseaux qu'on voit aux Isles de Madagascar & dans le fond de l'Archipelage Oriental : les autres pour l'excrement ou sperme de la baleine. Justus Klobius en son Histoire de l'Ambre, dit qu'il vient des intestins d'une baleine appellée la trompe, parce qu'elle a sur sa teste une trompe où il y a des dents longues d'un pied, & grosses comme le poing ; & que c'est aussi dans sa teste qu'on trouve le sperma ceti. D'autres disent que c'est une escume de la mer, ou un bitume sorti des entrailles de la terre ou des rochers, qui se degorge. D'autres tiennent qu'il y a un poisson nommé azel, qui est fort friand de l'ambre gris ; desorte qu'il est toûjours aprés à le chercher : mais il ne l'a pas si-tost mangé, qu'il en meurt ; & les pescheurs voyant flotter ce poisson mort, taschent de l'attraper, pour tirer de son ventre l'ambre qu'il a englouti. D'autres croyent qu'il vient des rayons de miel, qui étant recuits, avec le temps se détachent des rochers, & tombent dans la mer, dont le sel & les flots agitez achevent la digestion, & luy donnent la consistence où on le trouve. Mais tout cela n'a gueres d'apparence, veu qu'il s'en trouve des morceaux qui pesent plus de cent livres. Cet ambre est de couleur marbrée tirant sur le gris, qui est tantost plus, tantost moins obscure. Il est marqueté de blanc, approchant quelquefois tant soit peu du jaune. On y trouve quelquefois des becs d'oiseaux, de petits insectes, & autres matieres qui s'y sont meslées durant qu'il étoit encore en bitume liquide. Le meilleur ambre gris se trouve dans l'Isle Mauricius, & se trouve communément aprés une tempeste. Les pourceaux le sentent à une grande distance, & y courent comme enragez. Isaac Vigny grand Voyageur François dit qu'en une certaine coste il en trouva une si grande quantité, qu'on en eust pû charger 10000. vaisseaux. Il en prit une piece qu'il vendit 1300. livres sterling. Mais on n'a pû retrouver ce lieu-là, quoy qu'on ait croisé sur cette coste six semaines durant. Il croit que c'est une viscosité maritime qui devient ambre étant sechée au soleil. On le fond sur un petit feu, & on en fait des extraits, des essences & des teintures. On le mesle aussi avec d'autres aromats.

On dit d'un homme qui sent bon, qu'il sent le musc & l'ambre.

AMBRE, est aussi une espece de saule appellé salix amerina.