s. m. Cuir qui couvre l'animal, qui enveloppe toutes ses parties. L'homme a la peau tendre & delicate, douce, unie. Les animaux l'ont veluë, couverte de poil, de bourre, de laine ; les oiseaux de plume ; les poissons d'escailles. Les elephans, les baleines, les crocodilles, ont la peau si dure, si espaisse, qu'on ne la peut percer, si ce n'est sous le ventre. Les oisons ont la peau vilaine & ridée. Les serpens quittent tous les ans leur peau. La gale, les dartres sont des maladies du cuir, ou de la peau.

PEAU, se dit aussi de ces enveloppes deliées qui enferment toutes les parties interieures des corps : ce qu'en Medecine on appelle membrane. Il n'y a point de veine, d'artere, de nerf, de muscle, qui n'ait sa petite peau qui les enferme. Le blanc, le jaune d'oeuf, sont separez par de petites peaux. La grosse peau est enveloppée d'une petite peau qu'on appelle epiderme.

PEAU, se dit aussi des parties coriaces qui sont dans l'animal. Il y a des pieces de boeuf, de mouton, qui ne sont que des peaux, comme le boeuf de poitrine, la queuë de mouton.

PEAU, se dit figurément pour signifier l'animal entier. On dit d'un poltron qui fuit le danger, qu'il a peur de sa peau, qu'il n'ose hasarder sa peau ; & au contraire d'un brave, qu'il a vendu cherement sa peau, qu'il fait bon marché de sa peau. On dit aussi, qu'il enrage dans sa peau, qu'il creve dans sa peau, dans ses paneaux, pour dire, qu'il a une colere secrette qu'il n'a pas moyen de satisfaire. On dit aussi quand on voit un homme qui est menacé de quelque grand mal, qu'on ne voudroit pas estre en sa peau. On dit aussi de celuy qui s'est retiré sain & sauf de plusieurs occasions perilleuses, Il a esté bienheureux d'en rapporter sa peau.

PEAU, chez les Marchands & Artisans, se dit de cette dépouille de l'animal qui est diversement preparée par le Tanneur, Courroyeur, le Parcheminier, le Parfumeur, &c. Le chagrin se fait de peaux d'asne & de mulet ; le marroquin de peaux de mouton ; & les gros cuirs de peaux de vaches, de bufle ; les parchemins de peaux de mouton & de chevres ; les fourrures de peaux de chiens, de chats, de renards, de fouines, de martes. On appelle peaux d'Espagne, peaux de senteur, des peaux bien passées & bien parfumées. Les Crieurs de peaux de conin, sont ceux qui ramassent toutes sortes de peaux, On dit une peau d'agneau, des peaux d'anguille, de castors. On appelle aussi un bouc d'huile, de l'huile enfermée dans une peau de bouc. En Orient on navige, on passe les rivieres sur des outres, ou des peaux de bouc.

PEAU, se dit particulierement au Palais du parchemin. Tous les arrests s'expedient en peau. Il y a une vintaine de Greffiers en peau, qui mettent les arrests en grosse, en parchemin. Il faut tant de peaux pour ce decret. On taxe tant par peau.

PEAU, se dit aussi de ce qui enveloppe les fruits tant dehors que dedans, & même des arbres. Les raisins, les prunes, les cerises, sont enveloppez d'une petite peau. Les noix, les noyaux, les pepins, sont enfermez dans de petites peaux. L'escorce de l'arbre a une petite peau pardessus & pardessous. L'oignon est couvert de plusieurs peaux, & le bezoard pareillement.

PEAU, se dit aussi de ce qui se forme sur les liqueurs onctueuses, quand elles s'espaississent. Il se forme une peau sur l'encre, sur les syrops, sur les laitages.

PEAU, se dit proverbialement en ces phrases. Il ne faut point vendre la peau de l'ours avant qu'on l'ait pris. Il faut joindre la peau du renard à celle du lion, pour dire, joindre la prudence à la force. On dit aussi d'une personne maigre, qu'elle n'a que la peau & les os, que les os luy percent la peau : ce qui se dit aussi du Gastinois, où il y a plusieurs rochers qui percent la terre. On dit aussi d'une personne laide, qu'on n'aura point d'envie à sa peau ; & d'une incorrigible, qu'elle mourra dans sa peau, qu'elle ne changera point de peau. On appelle des contes de vieilles, des contes de peau d'asne. On dit aussi, que la peau demange à quelqu'un, lors qu'il est querelleux, qu'il cherche les occasions de se faire battre.