s. m. Partie noble de l'animal, qui est le principal organe de la faculté vitale, qui est le principe & le siege de sa chaleur naturelle, & de l'humidité radicale qui le fait vivre, languir, ou mourir, & le premier auteur du pouls & de la respiration par le moyen des arteres dont il est la source. Sa figure est pyramidale, & ressemble à une pomme de pin, qui est large par sa partie superieure qu'on appelle sa base, ou la teste du coeur ; & il aboutit à une pointe qui s'appelle le fond. Il y a une veine & une artere qui environnent toute la base du coeur comme une couronne, qui s'appellent coronales, avec quelques nerfs fort menus qui sont de la sixiéme conjugaison. Il est revestu d'une tunique particuliere pour le tenir plus ferme, qui est couverte de graisse, qu'on appelle le pericarde. Il est situé au milieu du thorax, quoy que sa pointe s'avance un peu sur le devant de la poitrine, & vers son costé gauche. On a trouvé le coeur d'un enfant placé au costé droit contre l'ordinaire, comme il est témoigné dans le Journal des Sçavants de l'année 1668. Sa chair est dure, épaisse & solide, & d'une autre nature qui luy est particuliere, sur tout celle de sa pointe. Elle est entretissuë de toutes les trois sortes de fibres qui font le principe de son mouvement, ou de sa systole & diastole. Par ses fibres droites il fait sa diastole, & tire le sang en son ventricule droit. Par les obliques il jouït de ce qu'il a tiré. Et par les transversales qui le serrent de toutes parts, il fait la systole, qui pousse le sang dans les poulmons par la veine arterieuse. Il est presque tout rond dans sa diastole, car ses extremités se rident, sa pointe s'approche de sa base, & les costés se dilatent. Au contraire dans sa systole il devient plus long & plus estroit. Le coeur a deux ventricules, ou cavités, que les Auteurs appellent aussi seins, cavernes, fosses, & chambres. Le droit, que quelques-uns appellent sanguin, & veineux, semble être fait pour les poulmons seulement, car les animaux qui n'ont point de poulmons n'ont point aussi ce ventricule. Le gauche s'appelle arterieux, & aëré, parce qu'il contient en soy l'air ou l'esprit vital qu'il pousse dans les arteres. Ils sont separés par une cloison qu'on appelle septum medium. Aux deux costés il y a des épiphyses membraneuses qu'on appelle oreilles, parce qu'elles en ont la figure. La droitte est au devant de l'entrée de la veine cave, & la gauche est située à l'orifice de l'artere veineuse. Il y a quatre gros vaisseaux en la base du coeur, dont deux ont l'orifice au ventricule droit, savoir la veine cave, & la veine arterieuse. Les deux autres sont au ventricule gauche, savoir l'artere veineuse, & l'aorte, ou la grande artere. Dans ces vaisseaux il y a des valvules ou petites portes faites en forme de souspapes, qui d'un costé permettent l'entrée aux humeurs, & de l'autre en empêchent le retour. Il a six de ces petites membranes ou valvules au ventricule droit, savoir trois à l'orifice de la veine cave ouvertes par dehors, & fermées par dedans ; & trois à l'orifice de la veine arterieuse ouvertes & fermées en un sens contraire. Il y en a cinq au ventricule gauche, trois à l'orifice de la grande artere ouvertes par dedans, & fermées par dehors ; & deux à l'artere veineuse, qui s'ouvrent & se ferment aussi dans un sens contraire. C'est par ces canaux & valvules que se fait la circulation du sang, qui a été inconnuë aux Anciens, & découverte en nos jours par Harvée Medecin Anglois, qui en a fait voir des preuves si sensibles, que personne n'en doute à present. Le coeur est le plus chaud de toutes les entrailles ; & c'est là que le sang reprend sa chaleur, parce qu'il y passe plusieurs fois par jour à cause de sa circulation. On tient en Medecine, que le coeur est le premier vivant, & le dernier mourant ; & que jamais la mort ne vient, que le coeur ne soit intemperé. Les animaux timides ont le coeur plus gros que les courageux, comme les lievres, les cerfs, les pantheres, les bellettes, & les asnes. Il y a eu des animaux qu'on a trouvé sans coeur, d'autres qui ont eu un double coeur. Les grenouilles peuvent vivre sans coeur & sans teste quelque temps. Les vers à soye ont une chaisne de coeurs qui leur tient tout le long du corps, à ce que dit le Journal d'Angleterre. Le safran cause une si grande dilatation ou épanouïssement de coeur, qu'un même mulet n'en sauroit porter bien loin une charge. Lowert & Harvée ont fait de beaux Traittés sur le coeur, qu'on trouve dans la Bibliotheque Anatomique. Ce mot vient du Latin cor, du Grec kear, dont on fait par contraction kir.
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