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Catégorie : Chasse
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COURIR, ou Courre, en termes de Chasse, signifie, Poursuivre le cerf, le lievre, le chevreuil. Laisser courre les chiens, c'est les decoupler. On appelle aussi le laisser courre, le lieu où on decouple les chiens.

COURIR, dans les maneges, signifie, Faire galoper un cheval de toute sa force. Vous avez trop couru ce cheval, c'est à dire, Vous l'avez outré, fait courir trop viste & trop long-temps.

COURIR, signifie encore, Voyager. Cet homme a bien couru par mer & par terre. Il a couru les quatre coins du monde. On dit en ce sens, qu'un homme a bien couru le monde, pour dire, qu'il a bien appris à vivre, qu'il est experimenté, qu'il a bien veu de sortes de gens. On dit aussi des gens inquiets, qui ne sçauroient demeurer en aucun lieu, qu'ils ne font que courir, qu'on ne les peut trouver chez eux.

COURIR, en termes de Marine, signifie, Faire route, gouverner, porter le cap du costé où l'on veut aller. Ce vaisseau a couru deux jours sous un même rumb, sous un même meridien. On appelle courir des bordées differentes, quand on est obligé à louvier & à faire divers revirements. On dit que les Corsaires courent le bon bord, quand ils poursuivent des vaisseaux marchands.

COURIR, se dit aussi des terres, des rochers & des costes. Cette coste court Est-Oüest, c'est à dire, va droit d'Orient en Occident. Ces rochers courent Sud-Oüest environ trois lieuës, pour dire, s'étendent depuis le Midy jusqu'à l'Occident.

COURRE, signifie aussi, Donner de l'exercice à autruy. Ce plaideur a fait renvoyer son procés en un Parlement éloigné, il a bien donné à courre à ses parties. On a donné un soufflet à ce Gentilhomme, c'est à luy à courre.

COURIR, signifie aussi, Hanter, frequenter en certains lieux, se plaire à y aller souvent. Les curieux de tableaux, de bijoux, courent les inventaires. Les devots courent les Sermons. Les galants courent le bal, les ruelles. Les Musiciens courent les concerts. On dit en ce sens, On court un tel Predicateur. Cet homme est si agreable, que toutes les Dames le courent.

COURIR, se dit aussi de toute autre affaire qu'on fait viste. Il faut écrire posément, & ne pas courir, quand on veut bien apprendre. Il ne faut pas courir, quand on dit son Breviaire, le dire trop viste.

COURIR, s'employe aussi en parlant d'une abondance de vermine, d'insectes. Les souris courent dans cette maison. Les poux courent sur cette chemise. Les fourmis courent dans ce jardin, &c.

COURIR, se dit encore du mouvement naturel des choses fluides. Les eaux courent dans plusieurs ruisseaux, dans plusieurs rigoles de ce jardin. Le sang, les humeurs courent dans le corps. Il a un rhumatisme qui luy court sur divers membres ; une dartre qui luy court sur le visage. On dit aussi, qu'un muid court, pour dire, qu'il s'enfuit, que la liqueur s'échappe du vaisseau.

COURIR, se dit aussi du temps. C'est le mois qui court, l'année qui court, pour dire, le mois, l'année presente. Le temps de son bannissement a couru d'un tel jour, pour dire, a commencé un tel jour. On le dit aussi des interêts qui courent du jour de la demande en Justice, du jour de la constitution, pour dire, qu'ils sont deus dés ce temps-là. On dit aussi, qu'un homme court sa 15. année, court son année climaterique, pour dire, qu'il est parvenu à ces âges-là.

COURIR, signifie aussi, Estre à la mode, estre receu, approuvé. La mode qui court est toûjours la plus approuvée. La monnoye qui court le plus est toûjours la plus nouvelle. Les chansons qui courent sont les plus agreables.

COURIR, se dit aussi de ce qui se publie, de ce qu'on fait passer par les mains, par la voix de plusieurs personnes. On a fait courir un Manifeste sur la declaration de la guerre. On a fait courir un libelle contre l'honneur de cette partie. Il court un bruit sourd d'une mauvaise nouvelle. Il faut faire courir la voix pour opiner sur cette proposition. L'advis qui court est celuy qui est le plus fort. On fait courir des billets pour assembler des Compagnies, ou pour recouvrer des choses perduës. On dit aussi, Faire courir une santé, pour dire, la faire boire à la ronde. On dit aussi, qu'il court bien des fievres, des maladies, pour dire, qu'elles sont bien communes, que plusieurs gens en sont attaquez.

COURIR, se dit aussi figurément en choses morales. On dit qu'un homme court une belle fortune, pour dire, qu'il est en belle passe : qu'il court à l'Evêché, au chapeau de Cardinal, au baston de Mareschal, pour dire, qu'il y aspire, qu'il y a apparence qu'il y peut parvenir : qu'il court à la gloire, pour dire, qu'il n'estime que l'honneur, que le prix de la vertu : qu'il court une charge, un Benefice, pour dire, qu'il tâche de l'obtenir. Et au contraire on dit, qu'il court à l'Hospital, à sa ruine, à sa perte, pour dire, qu'il gouverne mal ses affaires. On dit aussi, qu'un homme court hasard, court fortune d'estre riche, d'estre assommé, pour dire, qu'il luy peut arriver du bien & du mal. On dit encore, qu'un homme veut bien courir la risque de quelque chose, quand il la prend à ses perils & fortunes, qu'il veut bien que la perte tombe sur luy. On dit encore, qu'un homme a bien couru des fortunes en sa vie, pour dire, qu'il a bien essuyé des perils, des dangers. On dit aussi, qu'un homme court sur le marché d'autruy, qu'il court sur ses brisées, pour dire, qu'il encherit sur un autre, qu'il veut obtenir ce qu'un autre pretendoit d'avoir. On dit en ce sens, qu'il ne faut pas courir aprés son esteuf, pour dire, qu'il ne se faut pas defaire d'une chose dont on peut avoir besoin quelque jour.

On dit qu'un homme est fou à courir les ruës, pour dire, qu'il est tout à fait hors de son sens.