s. m. La partie du corps de l'homme qui aboutit d'un costé à l'espaule, & de l'autre à la main. En termes de Medecine, c'est seulement la partie qui prend de l'espaule jusqu'au coude ; car celle qui est depuis le coude jusqu'au poignet, s'appelle avant-bras. Le bras n'a qu'un os grand & tres-fort appellé humerus, qui a une grosse teste, laquelle s'embouche dans la cavité de l'espaule. Il a plusieurs cavitez qui ressemblent à une poulie pour faciliter le pli & le mouvement du bras. Et l'avant-bras a deux os qu'on appelle le grand & le petit focile. Le plus grand est dessous, & le plus petit dessus, lequel est aussi appellé radius ou rayon. Quelques-uns appellent cette partie du bras le surbras, ou le contre-bras, & les Latins ulna, cubitus. Dieu a donné deux bras à l'homme, afin qu'il pust vivre de son travail. Moyse avoit les bras levez au ciel, tandis que le peuple combattoit contre Amalec. les saignées du bras sont les plus ordinaires. il est estropié d'un bras. il a le bras en escharpe. il s'en va les bras balants, ou les bras pendants. Ce mot vient du Latin brachium.

BRAS, se dit aussi des chevaux. C'est la partie de la jambe de devant qui s'étend depuis le bas de l'espaule jusqu'au genou : & on dit qu'un cheval plie bien le bras, quand il plie bien la jambe.

BRAS, se dit encore des choses qui ont quelque ressemblance avec le bras. Les bras d'une chaise, ce sont les bastons qui sont aux costez, sur lesquels on appuye ses bras. On le dit aussi de l'estoffe ou de la tapisserie qui les couvre. On appelle bras, les chandeliers qu'on applique contre les murailles, qui ont la figure d'un bras. Le même se dit des enseignes d'un Maistre en fait d'Armes. Au bras d'Hercule, &c. Les Tourneurs disent aussi, les bras des pouppées de leur tour ; les Charpentiers, les bras d'une chevre, en parlant des deux pieces qui sont à costé du poinçon, & qui luy servent d'arcsboutans. On dit aussi, les bras d'une balance, pour dire, les deux costez du fleau.

On dit en Architecture, les bras d'un bastiment, en parlant des corps de logis qui sont à costé du grand, qu'on appelle aussi ailes ou potences.

BRAS, se dit aussi en parlant des choses qui se portent à bras, ou qui se remuent à force de bras. Un bar, une civiere à bras. un moulin à bras. il a fallu monter le canon à bras, à force de bras. On appelle aussi des tours de bras, des dentelles qui se mettent au bout des manches.

On dit en Poësie, que Briarée avoit cent bras : & Rampale a dit agreablement d'un mont chargé d'une forest,

Que l'on diroit à voir ce geant des montagnes,

Que desdaignant la terre & les basses campagnes,

Plus fort que Briarée il menace les cieux,

Avec les bras levez de mille chesnes vieux.

BRAS, se dit aussi de la mer & des rivieres, quand leurs eaux se separent, & font un petit canal entre deux terres. L'Italie & la Sicile ne sont divisées que par un bras de mer. St. Amant a dit du Tybre,

Je pris vostre corps pour un bras.

On appelle dans la Mediterranée le Bras St. George, le Destroit du Bosphore, à cause d'une Eglise construitte sur ses bords, dediée à St. George, hors de la ville de Constantinople. Quelques-uns ont donné aussi ce nom à la Propontide & à l'Hellespont. Du Cange.

BRAS, en termes de Marine, sont des cordages qui sont amarrez au bout de la vergue pour la tourner ou gouverner selon le vent. On appelle bracher ou brasseyer, faire la manoeuvre de ces cordages.

On appelle aussi bras, les nageoires d'une Baleine.

BRAS, signifie figurément, Puissance : & se dit premierement de Dieu. Le bras du Tout-puissant. le bras qui lance le tonnerre. le bras de Dieu s'est appesanti sur ce criminel. On le dit aussi de sa misericorde. Le recours des affligez, c'est de se jetter entre les bras de Dieu.

BRAS, se dit aussi des autres Puissances. Les Rois ont les bras bien longs. ce Ministre est le bras droit de ce Prince. il ne faut point prester son bras pour soustenir l'injustice. tout plie sous les efforts de son bras.

BRAS, se dit figurément en ces phrases. Son Medecin l'a retiré d'entre les bras de la mort, pour dire, l'a tiré d'une tres-dangereuse maladie. Il l'a receu entre ses bras, pour dire, Il luy a donné sa protection. Il l'a receu à bras ouverts, pour dire, Il luy a fait un grand accueil. Il luy a tendu les bras, pour dire, Il luy a facilité les moyens de faire ce qu'il desiroit. On dit aussi d'un Rapporteur qui a fait tout ce qu'il a pû contre une partie, qu'il luy a rompu bras & jambes. On dit, qu'un Ministre a toutes les affaires d'un Estat sur les bras, pour dire, que c'est luy qui a la charge de toutes les affaires. On dit, qu'un Capitaine avoit toute l'armée ennemie sur les bras, pour dire, qu'il avoit à resister à toute une armée. On dit, qu'un homme a six enfants sur les bras, pour dire, qu'il a le soin de les faire subsister. On dit aussi, qu'un homme n'a que ses bras, pour dire, qu'il ne vit que de son travail, qu'il n'a ni bien ni revenu.

BRAS SECULIER, se dit de la puissance temporelle & laïque. L'Eglise ne verse point de sang : & quand un Prestre est criminel, on l'abandonne au bras seculier. on implore le bras seculier. On dit figurément en ce sens, qu'on a abandonné quelque chose au bras seculier, pour dire, qu'on l'a abandonnée aux valets, ou à des gens qui la consomment, qui la destruisent.

BRAS, se dit proverbialement en ces phrases. Il l'a receu bras dessus, bras dessous, pour dire, Il luy a fait bien des caresses. Il l'a traitté de Monsieur gros comme le bras, pour dire, Il luy a fait le plus d'honneur qu'il a pû. On dit aussi, Si on luy en donne un doit, il en prend long comme le bras, pour dire, Il estend la liberté, la permission qu'on luy donne. On dit aussi à celuy qui craint d'en attaquer un autre, Il n'a que deux bras non plus que vous. On dit, qu'un homme demeure les bras croisez, quand il est oisif, quand il voit travailier les autres sans rien faire ; & qu'il a les bras rompus, quand il ne veut point travailler. L'Espagnol a dit agreablement en ce sens, Adineros pagados branços que brantados.