s. m. Prononciation qu'on a contractée naturellement dans la province où l'on est né. Il est bien difficile de se défaire de l'accent Gascon, ou Normand. on connoist le pays d'un homme à son accent.

ACCENT, signifie aussi un certain ton de voix qui est souvent une marque de ce qu'on veut dire, qui en fait faire une bonne ou une mauvaise interpretation. On injurie souvent avec un terme de loüange, mais l'accent fait tout.

ACCENT, signifie en Grammaire certaine marque qu'on met sur les syllables pour les faire prononcer d'un ton plus fort, ou plus foible. Les Grecs estoient plus curieux observateurs des accens que les François. Le Cardinal du Perron dit que les Hebreux appelloient les accens, gustus, dautant que c'est comme le goust & la sauce de la prononciation.

Il y a trois sortes d'accens, l'aigu, le grave, & le circonflexe. Les Hebreux ont l'accent de Grammaire, de Rhetorique, & de Musique. L'accent en Musique est une inflexion ou modification de la voix, ou de la parole, pour exprimer les passions & les affections, soit naturellement, soit par artifice.

Le Sr. Christian Hennin Hollandois a fait une Dissertation, pour monstrer que la Langue Grecque ne se doit point prononcer suivant les accens, où il dit qu'ils n'ont été inventés que pour faire quelque distinction des mots, qu'on écrivoit autrefois tout de suite ; qu'on ne voit point d'accens dans les manuscrits qui passent huit siecles ; qu'on n'en voit aucuns dans les Pandectes de Florence, qui ont été escrites environ le temps de Justinien ; qu'on n'a commencé à en user communément que vers le dixiéme siecle, ou au temps de la barbarie, où on les a pris pour la regle de la prononciation ; qu'on ne voit point l'usage des accens dans la plus-part des nations, ni en Caldeen, ni en Syriaque, ni parmy les Esclavons, les Moscovites & les Bulgares, ni parmy les anciens Danois, Allemands & Belges ; & qu'ils ont esté inconnus en toute l'Antiquité. Il croit que c'est une invention des Arabes, qui fut perfectionnée par Alchalil vers le temps de la mort de Mahomet. Il adjoûte que les Massoretes de Tiberiade au milieu du sixiéme siecle adopterent cette invention, & l'introduisirent dans la Bible avec les voyelles du temps de Justinien ; & que celuy qui perfectionna les accens fut le Rabin Juda Ben-David Chiug natif de Fez dans l'onziéme siecle ; & qu'on n'a commencé à en faire chez les Grecs qu'en faveur des estrangers, & pour faciliter la prononciation des vers. Ce mot d'accent vient d'accentus Latin d'accino. L'accent regle le ton de la parole.

Les Poëtes & les Amoureux se servent quelquefois du mot d'accent au plur. pour signifier la voix. Les accens plaintifs. les derniers accens. il expliqua sa passion par ces tristes accens.