s. m. C'est la peau du bled moulu, qu'on separe de la farine par le moyen d'un blutoir ou sas ou tamis fort deliez. Le son gras est celuy où on a laissé encore beaucoup de farine, qui n'a pas été bien passée ; son sec ou maigre, celuy d'où on a tiré toute la farine. Dans les famines on mange du pain de son. On fait de l'eau blanche avec du son pour rafraischir les chevaux. La folle farine est celle qui est avec son son. Le bled mangé des charençons ne rend que du son. On l'appelloit autrefois bran.

On dit proverbialement, Ventre de son, & robbe de velours, en parlant de ceux qui sont fort bien vestus, & qui font mauvaise chere chez eux. On dit qu'une femme a donné sa farine, & vendu son son, quand en vieillesse elle fait plus la rencherie qu'en sa jeunesse. On dit aussi, Moitié farine, & moitié son, d'une chose meslée ; comme moitié figues, moitié raisins ; moitié de gré, moitié de force.

SON, signifie aussi le bruit que font deux corps durs qui se rencontrent ou se frappent. Le son se fait par le tremoussement de l'air enfermé entre deux corps qui s'agitent. Le son est l'objet de l'ouïe, il fait impression sur les oreilles. On connoist la bonté de l'argent ou de l'or au son. L'écho n'est qu'un son refleschi.

SON, en termes Musique, se dit de la qualité & distinction de ces diverses agitations de l'air, entant que leur disposition peut rendre quelque harmonie. Un son clair, aigu, aigre, grave. Ce Musicien tire un beau son du luch. Tous les tons de Musique sont des variations du son par degrez. Ce jeune homme a un beau son de voix. Les soldats sont encouragez par le son de la trompette ; les chiens au son du cor. On danse au son des violons & des flustes. Le son differe du ton ; car le son est une chose absoluë, & le ton est une chose relative, car il se fait du rapport ou de l'union d'un son avec un autre son.

SON, signifie quelquefois, Accords musicaux. Les doux sons de sa lire, pour dire, ses airs : ce qui se dit figurément aussi en parlant des vers, qui doivent contenir quelque harmonie.

On dit proverbialement, Prendre les liévres au son du tambour, quand on ne fait pas une chose avec tout le secret qu'elle demande. On dit aussi le son d'un escu, pour dire, la tentation de l'espoir d'un escu.