s. f. C'est une piece de metail qui sert pour appeller les Chrêtiens à l'Eglise, & pour faire quelque assemblée, convocation ou rejouïssance. Les Musiciens la mettent entre les Instrumens de Musique qu'on appelle de percussion. Elle est faite en forme de poire ouverte par enbas avec un battant de fer, & elle est suspenduë sur une grosse charpente de bois qu'on appelle mouton, dans laquelle ses anses sont enclavées. Sa partie la plus haute qui est faite en timbre ou en calote, s'appelle le cerveau. Les traits ou les courbures de l'endroit où la cloche s'élargit, s'appelle les faussures ; & les bords de la cloche où frape le battant, s'appellent les pinces. Les Fondeurs ont un diapason ou une échelle campanaire qu'ils appellent aussi brochette, ou baston, qui sert à connoistre & à mesurer la grandeur ou l'espaisseur, le poids & le son des cloches. Leur matiere est un metail composé de vingt livres d'estain sur cent livres de rosette. On donne quinze fois l'espaisseur du bord au diametre d'une cloche, & douze bords à sa hauteur. La grosse cloche de Rouën pese quarante mille livres, & s'appelle George d'Amboise ; d'autres ne disent que trente-trois mille livres, comme le portent des vers Latins qu'on lit dessus. Son battant est de sept cents dix livres, sa circonference de trente pieds, & son diametre de huit pieds & un tiers. On dit qu'au dessus des portes du Palais de Nanquin en la Chine, est une cloche de la hauteur de deux hommes, qui a trente-deux brasses de tour, & qui est espaisse d'un quart d'aune. Il se fait un fremissement de chaque partie de la cloche lors qu'elle sonne ; & le P. François Maria Grimaldi soûtient dans sa Physique, que le moindre coup qu'on frape sur une cloche fait approcher & éloigner successivement toutes ses parties les unes des autres, & que c'est ce fremissement qui cause le son. On a observé que les cloches s'entendent de plus loin dans les plaines, que sur les montagnes ; & que celles des vallées se font encore entendre de plus loin que celles des plaines. Les Religieux s'assemblent capitulairement au son de la cloche. C'étoit autrefois l'office des Prestres de sonner les cloches, & sur tout dans les Cathedrales, & on les appelloit Klockmans. Ce nom est encore en usage dans l'Eglise d'Amiens. On a appellé cloche bannale, la cloche du befroy, ou la cloche de la Commune. On fait un bruit, un carillon de cloches dans les rejouïssances publiques, & dans les Festes de l'Eglise. On fait une ceremonie pour le baptême ou la benediction des cloches, quoy qu'elle soit condamnée dans les Capitulaires de Charlemagne ; comme Yves de Chartres rapporte qu'on baptisoit autrefois les Eglises, au lieu de dire qu'on les benissoit. Menage derive ce mot de cloca, ou closa, qui se trouve en cette signification dans les Capitulaires de Charlemagne : ce qui vient de l'Allemand clocke, ou plustost glocke, signifiant la même chose. Fauchet croit que c'est un vieux mot François, parce que l'aller & le revenir d'une cloche represente l'alleure d'un boiteux, ce qu'on appelloit clocher. Il y a plus d'apparence qu'il vient de cloc'h, qui est un mot du langage Armorique ou Bas-Breton qui signifie cloche. D'autres le derivent de clangor, parce que c'étoit au son des cloches qu'on signifioit le jeusne ou la penitence ; d'autres du Grec kalein, qui signifie vocare, d'où les Latins ont fait calata comitia ; d'autres du Grec klozein, qui signifie sonner avec la bouche. Quelques-uns le derivent de cochlea, à cause de sa figure. Du Cange enfin le derive du Saxon clugga. Et quelques-uns derivent tous ces mots du Latin glocire.
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