s. f. signifie une boisson faite d'orge, de froment, & d'avoine, ou d'une autre sorte de blé. On y adjouste du houblon pour luy donner le goust du vin. On les brasse long-temps, & on les fait cuire dans des chaudieres : & cette boisson enyvre comme le vin. La biere de Mars se garde toute l'année. Pour faire la biere, il faut que les Brasseurs donnent au grain un commencement de germination, & qu'ils concentrent ensuitte dans le même grain la disposition qu'il avoit à germer, en le sechant. On y adjouste trois fois autant d'autre grain non germé, qui sont ensemble moulus grossierement. On jette sur le tout de l'eau à demi bouillante, & ensuitte de froide, & aprés avoir agité le tout, on le laisse quatre ou cinq jours dans un vaisseau couvert jusqu'à une parfaite fermentation. Quelques-uns y adjoustent de l'yvroye pour irriter davantage le goust. Les Anglois pour la faire plus agreable, jettent dans les tonneaux aprés qu'elle est brassée, du sucre, de la canelle & des clous de girofle ; les Flamands du miel & des espices. Dioscoride dit que la vieille biere engendre enfin la lepre. On sophistique la biere en y jettant de la chaux pour luy donner plus de force, & en y meslant de la suye au lieu de houblon.

Leveure de biere, est l'escume de la biere qui sort par le bondon. Dans les Coustumes de Flandres on appelle Ban de biere, un impost qu'on leve sur la biere, ou bierbank, qui signifie aussi une taverne.

On dit proverbialement d'un portrait mal fait ou ridicule, que c'est une enseigne à biere. Les yvrognes disent aussi, qu'ils ne veulent point mettre leur corps en biere, pour dire, boire de la biere au lieu de vin. Ce mot vient de l'Allemand bier, signifiant la même chose, que Vossius derive du Latin bibere. Plusieurs autres le derivent de l'Hebreu bar, qui signifie le blé dont on la fait ; d'autres de bion, dont Pline fait mention en parlant de breuvage.