s. m. Grande élevation ou effort de voix. On le dit des hommes & des animaux. Les douleurs de la goutte font jetter les hauts cris. Dans le sac d'une ville on entend plusieurs cris & lamentations. Les victorieux poussent des cris d'allegresse. Les chiens enfermez font des cris qui ressemblent à des hurlements. Les cris des hibous, des orfrayes, sont de mauvais augure. Ce mot est ancien dans la Langue, où il est passé tout pur du Celtique ou Bas-Breton, où il signifie la même chose.

CRI, se dit aussi d'un certain bruit aigre & picquant que font certains corps quand on les rompt, quand on les scie, quand on les racle. Les pierres des atteliers qu'on racle font souvent un cri si aigre, qu'il ébransle les dents.

On le dit aussi d'une voix plaintive, & quelquefois basse, qui sert à témoigner l'oppression qu'on souffre. Un bon Prince ne doit pas fermer l'oreille aux cris, aux plaintes de son peuple.

CRI, signifie encore, Ban, publication qui se fait hautement, & aprés avoir amassé le peuple, soit en guerre, soit en fait de police. On a publié un tel ordre, un tel reglement à son de trompe & cri public, au son du tambour. Les cris se font dans les carrefours & lieux publics. Scaliger derive ce mot à quaeritare.

CRI, se dit aussi en parlant de ces petits Marchands qui vont vendre ou acheter par la ville de menuës denrées ou marchandises, qui annoncent à haute voix plusieurs choses qu'ils sçavent faire, dont on a besoin. Ainsi on appelle les cris de Paris, ceux des Gazettiers, des Gagne-petits, des Ramonneurs, des Revendeuses, &c.

CRI, en termes de Chasse, se dit premierement du cri naturel de plusieurs animaux, comme du leopard, de la panthere, de la girafle, du tigre, du loup-cervier, du lievre, du lapin, du chevreuil & du faon ; mais à l'égard du loup, on dit qu'il heurle ; que le cerf & le daim raslent ; que le sanglier grumele ; que le boeuf, le bufle & l'ours beuglent ; que le lion rugit, le cheval hennit, & l'asne brait.

CRI, se dit aussi à l'égard des Chasseurs, du bruit qu'ils font quand ils parlent aux chiens pour les flatter ; ou animer à poursuivre la beste : comme, hourvari est un cri pour faire retourner les chiens, quand ils sont hors des voyes ; hela hela, cri pour les faire requester, quand ils sont en defaut ; hari hari, pour les faire craindre, quand ils branslent du change. Harlou est le cri qu'on fait à la veuë du loup ; & hou hou, quand on le poursuit. Vellau est le cri qu'on fait aux chiens courants, à la veuë du renard ou du lievre ; tayau, quand on lance le cerf, &c.

CRI, en termes de Blason, est un certain mot qui sert de devise, & qu'on met au cimier des Armes : ce qui vient d'un certain cri ou signal que les chefs des maisons, ou les soldats crioient à la guerre. Autrefois nul n'estoit reconnu pour Gentilhomme de nom, d'armes & de cri, que celuy qui avoit droit de lever banniere ; l'un & l'autre servant à mener des gens à la guerre, & à les rallier. L'ancien cri des Rois de France étoit Montjoye St. Denis. Il y avoit aussi des cris de deffi, d'invocation, d'exhortation, de resolution, d'évenement, de commandement, &c. Les cris servoient aussi aux Herauts dans les tournois, pour appeller les Chevaliers, parce que le cri de plusieurs étoit celuy de leurs noms, de leurs maisons & de leurs villes. On dit en proverbe des maisons d'Ailly, Mailly, & Crequy, Tel nom, telles Armes, & tel cri. Dans les tournois chaque Chevalier avoit son cri ; mais dans les occasions de guerre il n'y avoit que les Chefs qui en pouvoient avoir.