s. m. Nom propre que le peuple a mis en usage dans la Langue, en le joignant abusivement à plusieurs mots injurieux. Jean Logne. Jean des Vignes. Jean Doucet. Jean Sucre. Jean tout adroit. Tous ces mots ne sont en usage que chez le peuple.

JEAN, se dit particulierement de ceux qui ont des femmes infidelles, & qui souffrent leurs desordres. Sa femme l'a fait Jean. On appelle double Jean, Celuy dont la femme fait beaucoup de scandale. Ce mot vient, selon quelques-uns de Janus, Dieu de l'ancien Paganisme representé avec deux visages, comme si le mari & l'adultere estoient deux testes en un bonnet, & occupez à même ouvrage, dont le nom demeure au mari, à cause que c'est celuy qui paroist dans la maison.

On appelle aussi le haut mal ou l'epilepsie, le mal de St. Jean. L'Evangile de St. Jean preserve du tonnerre. Les poires de Messire Jean ont esté mises en vogue par un Curé de Lorraine qui portoit ce nom.

JEAN, se dit aussi au Triquetrac, quand il y a 12. dames abattuës deux à deux, qui font le plein d'un des costez du Triquetrac. Petit Jean, grand Jean, Jean de retourne. On dit aussi, Jean qui ne peut, quand on trouve l'endroit bouché par où on vouloit faire passer une dame.

JEAN, se dit proverbialement en ces phrases. Quand on void quelque rieur incommode, on luy dit, Ri t'en Jean, on te frit des oeufs. On dit aussi d'un mal qu'on ne peut guerir par les remedes, qu'on y a appliqué toutes les herbes de la St. Jean. On dit aussi de celuy qui ne sçauroit garder un secret, C'est St. Jean bouche d'or. On dit encore, C'est comme le Breviaire de Messire Jean, cela s'en va sans dire. On appelle aussi le feu de la St. Jean, celuy qu'on fait la veille de la St. Jean en resjouïssance de sa nativité.

On dit encore en proverbe, Il fait comme le chien de Jean de Nivelle, qui s'enfuit quand on l'appelle. Il vient de Jean de Montmorency Seigneur de Nivelle, qui ayant donné un soufflet à son pere, fut cité au Parlement, proclamé & sommé à son de trompe pour comparoir en Justice. Mais tant plus on l'appelloit, tant plus il se hastoit de courir & de fuir du costé de Flandres. On le traittoit de chien, à cause de l'horreur qu'on avoit de son crime & de son impieté. On dit encore, C'est le mariage de Jean des Vignes, tant tenu, tant payé. Ce proverbe s'est fait par corruption de gens des vignes, parce que les Vendangeurs qui se ramassent ensemble de plusieurs endroits, font ordinairement de petites alliances, qui ne durent qu'autant que la vendange dure, & se rompent lors qu'elle finit. Quelques-uns, mais mal à propos, l'ont attribué à un certain Jean des Vignes Gentilhomme dont la famille subsiste encore au pays de Nivernois.