subst. masc. Nom propre d'un Saint, dont on celebre la Feste avec une grande resjouissance le onziéme Novembre. Il a donné occasion à ces phrases proverbiales. Faire la Saint Martin, c'est, Faire bonne chere ce jour-là. Boire le vin de la Saint Martin. Il y a plusieurs asnes à la Foire qui s'appellent Martin, se dit quand on fait quelque équivoque de personnes, sous ombre qu'elles portent un même nom. Martin l'asne. On ne dit gueres Martin, qu'il n'y ait de l'asne. On dit aussi, Pour un point Martin perdit son asne, pour dire, Il a perdu la partie faute d'un point. Cardan rapporte l'origine de ce proverbe, & dit qu'un nommé Martin estoit Abbé d'une Abbaye appellée Asello, qui avoit fait écrire sur le portail de sa maison,

Porta Patens esto, nulli claudaris honesto.

Mais l'ouvrier par mégarde, ou par ignorance, avoit mis le point aprés le mot de nulli ; ce qui donnoit au vers un sens tout contraire. Le Pape passant par là fut indigné de cette incivilité, & le priva de son Abbaye. Le Successeur fit reformer cette mauvaise ponctuation du vers, auquel on adjousta le suivant :

Pro solo puncto caruit Martinus asello.

Mais à cause que le mot Italien asello signifie en François asne, on a ainsi tourné le proverbe, Pour un point Martin perdit son asne, au lieu de dire, son Abbaye. On dit aussi Martin bée, des moutons qui beslent. On dit aussi, Martin baston. On appelle aussi le Diable, l'Estafier de St. Martin, parce qu'on le peint toûjours à la suitte de ce Gendarme. On a appellé l'yvresse, le mal Saint Martin, à cause qu'autrefois on tenoit des Foires pour la vente du vin vers la Saint Martin, où on beuvoit beaucoup ; ce qui a donné lieu à demander le vin de la St. Martin.

MARTIN SEC, est une espece de poire rousse & pierreuse.