s. m. Mauvais Ange, un de ces Esprits celestes qui ont été precipitez du Ciel pour avoir voulu s'égaler à Dieu. Le Diable est toûjours pris dans l'Ecriture pour l'ennemy de Dieu & de l'homme. JESUS-CHRIST fut tenté par le Diable dans le desert. Le Diable tente les Saints pour avoir des compagnons de sa misere. Le Diable tenta Eve sous la figure d'un serpent. Dieu donna pouvoir au Diable de tourmenter Job pour éprouver sa patience. JESUS-CHRIST chassoit les Diables des corps des possedez.

Le peuple se sert de ce mot en une infinité de phrases, & sur tout pour exaggerer les choses soit en bien, soit en mal. Il est vaillant en Diable. C'est un Diable incarné, un Robert le Diable. Il fait le Diable à quatre, pour dire, Il le faut tenir à quatre. C'est un Diable d'homme, un Diable en procés, pour dire, un grand chicaneur. Il l'a battu en Diable, en Diable & demi, comme tous les Diables. On dit d'un homme, que c'est un bon Diable, pour dire, un bon vivant ; un meschant Diable, pour dire, un homme dangereux ; un pauvre Diable, pour dire, un miserable ; sçavant en Diable, pour dire, fort scavant. On dit d'un mesdisant, qu'il dit le Diable d'un autre, pour dire, qu'il en dit tout le mal qu'on en peut dire.

DIABLE, se dit proverbialement en ces phrases. Le Diable n'est pas toûjours à la porte d'un pauvre homme, pour dire, que la mauvaise fortune donne quelquefois du relasche. Le Diable est aux vaches, pour dire, que tout est en trouble, en confusion. On dit par imprecation, Le Diable s'en pende, le Diable vous emporte. Il n'est pas si Diable qu'il est noir, pour dire, Il est meilleur qu'on ne pense. On dit, Tirer le Diable par la queuë, pour dire, Avoir de la peine à vivre. On dit, Il ne se faut pas donner au Diable pour faire cela, pour dire, qu'une chose est facile. Quand on ne peut venir à bout d'une chose, on dit que le Diable s'en mesle. Cela s'en est allé à tous les Diables, pour dire, On ne sçait ce que cela est devenu. Le Diable pourroit mourir, que je n'heriterois pas de ses cornes, pour dire, Personne ne me donne rien. On dit d'un meschant homme, d'un chicaneur qui trouble le repos des autres, que quand il dort, le Diable le berce. On dit qu'un homme fait comme le valet du Diable, quand il fait plus qu'on ne luy commande.

On dit aussi ironiquement à des hableurs, pour monstrer qu'on ne croit rien de ce qu'ils disent, Au Diable zot. Il y a apparence que cela vient d'une imprecation tronquée, & qu'on a voulu dire, Allez au Diable, au Diable, on a retranché le dernier & le premier mot, & on a mis un z pour éviter la cacophonie, car le mot de zot n'est point de la langue, desorte qu'il faut que ce soit une ortographe corrompuë.

On le dit aussi par exclamation & imprecation, A quoy Diable pensiez-vous de faire ce mariage ? A quel Diable en voulez-vous ? On dit d'un meschant homme, qu'il ne craint ni Dieu ni Diable.