v. act. Mettre en terre quelque graine, bouture, ou plançon pour luy faire prendre racine. On plante des arbres, des sauvageons à la ligne, en eschiquier, en quinconche. Les Jardiniers observent certains jours & saisons propres pour semer & pour planter.

PLANTER, se dit aussi de ce qu'on fiche simplement en terre. Ce General a fait planter le piquet à son armée en un tel lieu, pour dire, il y a campé. On le dit aussi de ceux qui establissent leur demeure en quelque endroit. On dit aussi, planter des pieux, quand on veut faire des palislades, ou bastir sur pilotis. La premiere chose que font les Moines qui s'establissent, c'est de planter la croix. On predit aux Princes naissants, qu'ils iront planter leurs estendarts jusques sur le mont Liban. Les Hollandois sont venus se planter à l'embouchure de la Tamise, y ont mouillé l'ancre. Les ennemis sont venus planter des eschelles au pied du mur. On a envoyé ce Capitaine planter des colonies dans les terres neuves.

PLANTER, signifie aussi, Se tenir droit, & se venir placer en quelque lieu. La premiere leçon que donne un Maistre de danse, ou d'escrime à un escolier, c'est de le bien planter sur ses jambes. Il se plante sur ses orteils, sur ses ergots. On dit aussi, qu'un cheval se plante bien, quand il est ferme & droit sur ses pieds. Ce grand corps s'est venu planter devant moy, & m'a empesché de voir la ceremonie. Les escornifleurs se plantent hardiment au plus bel endroit de la table.

PLANTER, se dit figurément en choses spirituelles & morales. St. Xavier est allé planter la foy dans les Indes. On dit qu'on a planté des cornes à quelqu'un, lors qu'on luy a desbauché sa femme. On dit aussi quand on la quitte, quand on l'abandonne, qu'on l'a planté là.

PLANTER, se dit proverbialement en ces phrases. Me voilà bien planté pour reverdir, pour dire, On m'a abandonné en un lieu où je ne sçay que devenir. On dit aussi de celuy qui est relegué en une maison de campagne, qu'on l'a envoyé planter des choux.