subst. masc. C'est une plante qu'on appelle autrement aspic d'outre mer, qui croist aux Indes, qui a la cheveleure large, qui est roux, & qui a la senteur du souchet. Il a un espic court & amer qui desseche la langue estant masché, laquelle garde long-temps sa senteur. Il y en a un qu'on appelle de montagne qui a plus d'odeur, & un autre qu'on appelle gangetique, qui porte plus d'espics, mais qui est moindre en valeur. Les Apothicaires l'appellent spico nardi.

Le nard d'Italie est une autre espece de nard qu'on appelle autrement aspic ou lavande. L'aspic est le masle, & la lavande la femelle. L'un & l'autre produisent plusieurs petites tiges feuilluës comme le rosmarin, qui sont gresles & quarrées, qui jettent au sommet une fleur odorante espiée, de couleur purpurine ou bleüe.

La troisiéme espece de nard est appellé Gaulois ou Celtique. Il croist aux Alpes & en Ligurie. C'est une petite plante à fleur jaune & odorante, fort differente de la lavande. Matthiole dit qu'on en transporte quantité en Surie, où l'on s'en sert pour les bains.

La quatriéme sorte de nard, qu'on appelle thylacite & nirite, & quelquefois nard de montagne, a la tige & les feuilles semblables à l'eringium ou panicault, mais plus petites, & moins aspres & picquantes ; ses racines sont noires, odorantes & doubles. Il a les mêmes proprietez que le nard Celtique, & les Apothicaires le substituent au lieu de celuy des Indes.

Enfin le nard sauvage, que les Arabes nomment asarum, & les François cabaret, a les feuilles semblables au lierre, si ce n'est qu'elles sont plus petites & plus rondes. Ses tiges sont anguleuses, aspres & tendres. Ses fleurs sont purpurines & incarnates, & retirent à celles du jusquiame. Elles croissent entre les feuilles pres de la racine, où il y a dedans quelques pepins qui font sa graine. Il a plusieurs racines noüées, gresles & recourbées, & ressemblent à celles du chiendent. Elle sont odorantes, chaudes & picquantes sur la langue, quand on les masche. Les Apothicaires le confondent avec une autre plante nommée bacchara. Matthiole. Quelques-uns mettent aussi le malabratum & le phu magnum ou la valeriane, entre les especes de nard, parce qu'ils en ont les proprietez. Le nard estoit aussi chez les Anciens une composition odorante, & un parfum precieux. La boeste de la Magdelaine, quand elle oignit les pieds du Sauveur, estoit pleine de nard pistique, c'est à dire, qui n'estoit point falsifié, qui venoit du Grec pisticos, qui veut dire, sans tromperie, quoy que Saint Augustin croye que ce nom luy soit donné du lieu où il croist. D'autres pensent que ce mot vient du Grec piein, bibere, supposant que c'estoit une drogue liquide & potable. D'autres enfin disent qu'il y a erreur aux texte, & qu'il faut dire nardus picata, & non pas pistica.