s. f. Impost sur le sel. Il y a plusieurs Fermes des Gabelles, la Ferme Generale, celle des Gabelles, de Languedoc, Provence, Dauphiné, Lyonnois. Il paroist que les Empereurs Romains prenoient des imposts sur le sel, qu'on a depuis nommez Gabelles, par la loy 11. au Cod. de vectigalib. & commissis. Le Roy Philippe le Long a esté le premier qui a pris un double pour livre sur le sel par un Edit de l'an 1331. qu'il promit d'oster dés qu'il seroit delivré de ses ennemis, par un Edit du 15. Fevrier 1345. Il fut restabli par le Roy Jean en l'an 1355. & à Paris il fut accordé au Dauphin en l'an 1358. pour estre levé pendant un an pour la rançon du Roy Jean. Philippe de Valois a pris quatre deniers ; Charles VII. six deniers ; Louïs XI. douze deniers. A present c'est le Roy qui vend le sel au minot ; & c'est Philippe de Valois qui a institué les greniers & gabelles, & qui a interdit le trafic du sel au peuple. on appelle les Officiers de la Gabelle, les Officiers des greniers à sel. Il y a une Ordonnance particuliere nouvellement faite pour les Gabelles.

On appelle Frauder la gabelle, quand on fait passer du sel sans payer l'impost. On le dit aussi des fraudes qu'on fait pour s'exempter de payer toutes sortes d'impositions ; & quelquefois on le dit même des fraudes qui se font dans les marchez & conventions.

On a aussi appellé dans les Coûtumes Gabelle de vin, Gabelle de draps, Gabelle de tonlieu, diverses impositions, car ce mot estoit d'abord general pour tous les imposts. On appelle aussi Gabelle, le grenier où on paye l'impost du sel. Il faut aller prendre le sel à la Gabelle. le faus sel est celuy qui n'a point passé par la Gabelle. Pays de Gabelle, est celuy où l'impost du sel est establi, où il y a des greniers. Ce mot vient, selon quelques-uns, & entr'autres Guichart, de l'Hebreu gab, qui signifie present ; ou de ghauel ou gabe, qui signifie loy inique, ou Publicain : selon d'autres, de garbelle, qu'on a dit pour garbe, qui signifioit autrefois gerbe & javelle, car on en prenoit une sur chaque tas de denrée, comme disent Ragueau & Bodin ; ou de gabella, dont on s'est servi dans la basse Latinité ; ou de gablum signifiant tribut, mot tiré du Saxon, comme croit Du Cange ; ou enfin de alcavala, mot Arabe & Espagnol, qui signifie en Arabe recepte, & en Espagnol gabelle, selon Menage. Mais il y a plus d'apparence que ce mot vient des ouvriers qui font le sel, qui l'appellent gabellé ou gavellé, quand il est essuyé.