INTESTAT, ATE. adj. Qui meurt sans faire testament. Autrefois ceux qui mouroient intestats estoient tenus pour damnez & pour infames. Car comme par les Canons des Conciles on estoit tenu d'appliquer en oeuvres pies une partie de ses biens, que Matthieu Paris dit estre du moins la dixiéme pour le salut de son ame, celuy-là estoit reputé en avoir abandonné le soin, qui avoit manqué à faire un testament & des legs pieux. On a commandé en quelques Conciles aux Prestres d'exhorter les moribonds à donner une partie de leurs biens à l'Eglise, ou aux pauvres : ce qui a esté si avant, qu'on denioit l'absolution & le viatique à ceux qui ne deferoient pas à leurs exhortations, de sorte qu'ils ne mettoient point de difference entre ces intestats & les desesperez qui s'estoient procuré la la mort, & on les privoit de sepulture. Cela donna lieu à un arrest du 19. Mars 1409. rapporté par Pasquier, qui fait deffenses à l'Evêque d'Amiens d'empêcher comme il faisoit la sepulture des decedés ab intestats. Voyez Du Cange qui traitte amplement cette matiere, & qui temoigne que tous les biens meubles de ceux qui estoient morts sans confession & sans avoir receu le viatique, & sans avoir fait des aumosnes par leur testament, quoy qu'ils fussent morts de mort subite, estoient confisquez au profit des Seigneurs, & en quelques lieux au profit des Evêques. On en voit encore quelques vestiges dans les anciennes Coûtutumes de Normandie.