v. act. Causer à l'ame de l'émotion, soit par surprise, soit par admiration, soit par crainte. On s'estonne de tous les accidents extraordinaires qui arrivent dans le monde. Un Philosophe Chrestien doit s'estonner à tout moment des merveilles de la grace & de la nature. Un criminel s'estonne à la veuë des Juges, des supplices, de la mort. Les Tyrans n'ont point estonné les Martyrs, ils n'ont pû vaincre leur constance. Quand on sçait la cause de quelque effet, on ne s'en estonne plus.

ESTONNER, se dit aussi des choses qui sont assez ordinaires & peu considerables. Je m'estonne de ce qu'on a laissé ce crime impuni. Je m'estonne de ce qu'il est si long-temps sans me venir voir, sans m'escrire.

ESTONNER, se dit aussi des émotions des corps qui sont esbranslez & attaquez par quelque violence. Les tremblements de terre estonnent les bastiments les plus solides. Les premiers coups de canon n'abattent pas une muraille, mais ils l'estonnent. Une cheute estonne le cerveau de telle sorte, qu'il se fait souvent un abscés par un contrecoup.

ESTONNER, se dit proverbialement en ces phrases. On dit qu'un homme est estonné comme s'il tomboit des nuës, comme si les cornes luy venoient à la teste ; qu'il est estonné comme un fondeur de cloches. On dit aussi d'un homme ferme ou opiniastre, qu'il est bon cheval de trompette, qu'il ne s'estonne pas pour le bruit.