v. act. Destruire ou moderer le feu, la chaleur. Un grand embrasement est difficile à esteindre. Le feu s'esteint en versant de l'eau dessus, en luy ostant l'air & l'aliment. On esteint toutes les lumieres, les cierges de l'Eglise, quand le service est dit. On dit aussi, que la chaleur naturelle est esteinte, quand un homme se meurt ; & on dit alors que c'est une chandelle qui s'esteint. On tasche d'esteindre l'ardeur de la fievre avec des tisannes & potions rafraîchissantes. On dit aussi, que des bourgeons sur le visage sont esteints, quand ils ne sont plus rouges, quand leur feu est amorti, Les fermes du Roy s'adjugent à la chandelle esteinte. Ce mot vient du Latin extinguere.

ESTEINDRE, se dit figurément en choses morales. Ce Prince a esteint les seditions, les troubles de son Royaume. Par cette transaction il est dit que tous procés & differents demeurent esteints & assoupis entre les parties. Les mortifications esteignent le feu, les ardeurs de la concupiscence. L'âge esteint toutes les passions tumultueuses. Cette amour qu'on croyoit esteinte, s'est rallumée, c'estoit un feu mal esteint qui couvoit sous la cendre. Le desir de la gloire est une soif qu'on ne peut esteindre.

ESTEINDRE, se dit aussi de ce qui est aneanti, exterminé, aboli. Il y a bien des maisons illustres qui sont absolument esteintes, qui ont peri. Il y a eu plusieurs nations entierement esteintes & exterminées, dont le nom même est esteint. On dit aussi, Esteindre une pension, une rente, une dette, pour dire, la racheter, l'amortir, l'aneantir.

En termes de Maçonnerie on dit, Esteindre de la chaux, quand on la delaye avec de l'eau pour la conserver jusqu'à ce qu'on l'employe, sans quoy elle se gaste & devient fusée & inutile. On dit aussi, Esteindre le fer, quand on luy donne une trempe qui luy acquiert de la dureté.