s. f. Emportement violent causé par un dereglement d'esprit & de la raison. La morsure des animaux enragez rend les hommes malades de fureur : cette fureur ne se guerit point, il les faut estouffer. il prend à cet homme des accés de furenr si violents, qu'il le faut lier. la fureur est une cause d'interdiction. Il y a aussi une maladie de femmes, qu'on appelle Fureur uterine.

FUREUR, se dit en Morale de la colere, lors qu'elle est violente & demesurée, & qu'elle jette les hommes dans quelques excés. On attribuë à Dieu la fureur, on le prie qu'il ne nous juge point dans sa fureur, quoy qu'en effet il ne soit point capable de passions, pour dire, que nos pechez meritent qu'il nous traitte comme s'il estoit en fureur. On le dit des Princes. Il fait dangereux d'estre l'objet de la fureur d'un conquerant, d'un soldat qui court au pillage. une femme en fureur est fort dangereuse. On le dit aussi des animaux coleres, forts & farouches. La fureur d'un lyon, d'un taureau sauvage. les cerfs en rut sont en fureur.

FUREUR, se dit aussi des crages. La fureur des vents, des tempestes, des torrents, de la mer, estonne les plus hardis. la fureur d'une populace esmeuë est espouvantable.

FUREUR, se dit aussi de toutes les passions qui nous font agir avec de grands emportements. C'est une fureur que la passion du jeu. il y a des amours qui vont jusqu'à la fureur. il mesdit avec fureur de toutes sortes de gens. il recite ses vers avec une estrange fureur. la fureur des curieux est telle pour les tableaux du Poussin, qu'on les a portez à un prix excessif. la fureur de la chicane est si grande, que la plus-part des gens en sont ruinez.

FUREUR, se dit aussi des violents mouvements de l'ame, des enthousiasmes qui la mettent hors de son assiete ordinaire. Ainsi on dit, que les Poëtes sont transportez de la fureur d'Apollon, d'une fureur divine, quand ils font des vers plus par genie que par art ; que les Sibylles & ceux qui rendoient des oracles entroient dans une sainte fureur, qu'ils estoient agitez du Demon qui les possedoit. Les Payens avoient aussi du respect pour les fureurs Bacchiques dans les Festes de Bacchus, qui procedoient d'avoir trop beu de vin.

On dit proverbialement, que la patience poussée à bout se tourne en fureur, pour dire, qu'il ne faut pas abuser de la patience des gens.