v. act. Causer une émotion ou déreglement dans le cerveau, ou dans les sens, qui les empesche de faire bien leurs fonctions. Le vin pris par excés estourdit, fait croire que tout tourne. On donne un coup de massuë sur la teste d'un boeuf pour l'estourdir, pour l'abattre. Les marteaux d'une forge, le bruit continuel, les crieries d'une femme, estourdissent les gens, ils ne sçavent plus ce qu'ils font. Quand on se reveille en sursaut, quand on sort du coche, on est quelque temps tout estourdi. Les vieillards estourdissent les oreilles par leurs remonstrances.

ESTOURDIR, se dit aussi des viandes mal cuites. On vient de mettre cette esclanche à la broche, ces pois au pot, ils ne sont qu'estourdis, à demi cuits. Il faut estourdir l'eau de ce malade pour en oster la crudité. On sert d'abord les grosses viandes pour estourdir la grosse faim.

ESTOURDIR, se dit figurément en choses morales, des accidents qui troublent, qui surprennent nostre raison. Cette banqueroute a bien estourdi des Marchands, ils ne sçavent où ils en sont. Une bataille perduë estourdit bien un parti, luy fait perdre courage, luy rompt ses mesures.