BETEL, ou Betle. subst. masc. Plante qui a un jus de couleur de sang. Elle est fort foible, c'est pourquoy elle a toûjours besoin de quelque appuy. Elle est semblable à l'arbre qui porte le poivre. Elle n'a point d'autre fruit que sa feuille, qui se peut conserver un fort long espace de temps. Cette plante est fort estimée dans l'Inde. Les Indiens ne la plantent jamais sans observer de grandes ceremonies, & ils sont fort soigneux de se nettoyer les dents, à cause que la couleur du betel & de l'areca y prend mieux. Ils en maschent continuellement, & quand ils s'entrerencontrent sur les chemins, ils s'en donnent reciproquement. Ce seroit une honte à un homme d'estre trouvé sans en avoir sur soy. Pyrard. Matthiole dit que c'est la même chose que le thembul, ou tember des Arabes & des Perses, qui en mangent continuellement, soit qu'ils soient oisifs, soit qu'ils soient occupés, parce qu'ils l'estiment fort profitable à la santé ; mais si on en mange par trop, il fait perdre le sens : d'où vient, dit-il, que les femmes qui se veulent brusler en mangent si grande quantité, qu'elles sont hors d'elles-mêmes. Le betel rend l'haleine douce & bonne, échauffe l'estomac, & donne la couleur rouge au visage & aux levres, & fortifie les dents & le coeur. Le betel a des feuilles qui ressemblent fort au lierre, si ce n'est qu'elles sont beaucoup plus tendres. On les broye avec une noix assez dure fort approchante de la noix muscade, & quand on en a succé le suc, on les crache. Le betel ronge les dents, & les rend noires comme du jayet. On le prepare simplement avec de la feuille, de la noix, & de la chaux de pierre, & non de coquillage, arrosée avec du safran. Quelques-uns meslent du tabac avec cette noix qu'on nomme areca. Le betel a une telle contrarieté avec le durion, qu'un peu de ses feuilles en corrompt une boutique toute entiere. Cette plante est fort bien décrite dans la Pharmacopée Persique imprimée à Paris en 1681.