s. f. Gros oiseau de passage qui vole en trouppes rangées en triangle, & qui a un col fort long. On disoit autrefois, que les Pygmées avoient guerre contre les gruës. Athenée dit que Melanthius avoit une telle passion pour la gueule, qu'elle luy faisoit souhaitter d'avoir un col aussi long qu'une gruë, pour savourer plus long-temps le boire & le manger. Ce mot vient de grua, qu'on a dit pour grus, & qui se trouve dans la Loy Salique. Menage.

GRUË, se dit figurément de ceux qui sont stupides, ou aisez à tromper : mais on ne l'employe gueres qu'avec la negative. Cet homme n'est pas si gruë que vous le pensez.

GRUË, est aussi une machine pour eslever des pierres dans les grands bastiments. Elle est composée d'une flesche appuyée par huit arcboutants, sur la pointe ou pivot de laquelle tournent plusieurs pieces de bois attachées ensemble qui font un long col, qui porte la pierre en plusieurs endroits du bastiment. Le fardeau s'esleve par le moyen d'un tour où est attaché le cable, qui se meut par une roüe à tambour dans laquelle on fait marcher un manoeuvre.

On dit proverbialement, qu'un homme a le cou de gruë, quand il l'a bien long, ou quand il fait effort pour l'allonger. On dit aussi, qu'un homme fait le pied de gruë, quand il est long-temps debout en quelque lieu, & particulierement quand on le fait attendre, parce qu'on dit que les gruës ont coûtume d'avoir un pied en l'air quand elles font sentinelle. On dit aussi, Maistre Gonin est mort, le monde n'est plus gruë, à ceux dont on a descouvert la finesse, & qui nous vouloient tromper.